Lightning Strokes
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 It hurts like heaven — Elijah.

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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

♠ AGE : 38
♠ COPYRIGHT : Law S/Noir Strider.
♠ STATUT SOCIAL : Célibataire.
♠ EMPLOI/LOISIRS : Étudiant en médecine, 9ème année.


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MessageSujet: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeMar 3 Avr - 22:20

Qu’est ce qui nous réveille la nuit ?
Souvent, souvent c’est les certitudes
De temps en temps c’est la solitude
Très peu pour moi les habitudes
Sinon j'vais passer pour un con

Le lundi frappe à la porte de l'ennui comme on hurle dans la rue, comme on va, comme on vient, comme on vit encore, comme on vit toujours, accrochés aux souffles écrasants, à ce petit filet d'air qui passe et repasse, qui s'évade, qui s'efface, et qui, inévitablement, s'évanouit. Le lundi frappe à la porte de l'ennui et c'est la monotonie qui le suit, c'est le passé qui l'emboîte et le futur qui s'oublie. Le lundi frappe dans un cycle infernal, dans un cercle vicieux, des semaines à répétition, comme une boucle incessante. Au fond, c'est toujours la même histoire. Au fond, c'est toujours la même affaire. On est tous dans le même bateau, autant s'y noyer jusqu'au bout. Ça l'avait fait buter, Andrew, le lundi qui était revenu, un peu trop vite, un peu trop souvent, lui qui perdait le fil du temps, lui qui se complaisait dans la vie intemporelle qu'il avait appris à aimer. Ça l'avait fait buter, Andrew, bêtement sorti faire des courses au-delà de la paresse qui accablait son réfrigérateur, stupidement tombé sur les portes fermées. Il était, donc, sorti pour rien. Pour du vent. Pour que dalle. Pour deux foutues portes fermées et un chat profiteur et arriviste qui ne se tait que le museau dans les croquettes. Il était, donc, sorti pour rien et il était hors de question qu'il daigne chercher un autre magasin ouvert. Plutôt mourir que de s'adapter aux autres. Il laissait ça aux gens pressés — il avait tout son temps de râler. Il fallait rentrer, il fallait supporter le matou, il fallait gueuler pour les griffes sur le canapé. Ça lui avait fait tourner les talons et finalement dévier du chemin, le nez ailleurs, le regard dans le vague, un Petit Poucet qui n'est pas dans son jour. Ça l'avait fait traîner dans le vent marin, trébucher sur les pierres du port, guidé par sa propre ignorance, perdu par sa fichue inconscience. Il était, théoriquement, totalement à l'opposé de sa direction initiale. Il avait tout son temps pour râler et tout son temps pour se perdre, alors à quoi bon ?

Le vent sentait le sel et le sable qui fouette la rétine, qui agresse la pupille, le vent sentait le rien et l'ailleurs, le trop loin, le trop grand. On aurait pu battre des cils sur la grandeur du monde, sur l'océan qui s'ouvre et qui s'offre, recueillant en son sein le soleil qui courbait l'échine, épuisé par ces journées à briller sans chauffer. On aurait pu s'étonner, s'impressionner, prendre un moment pour regarder. Ça n'avait arraché qu'un regard désintéressé à Andrew. Il connaissait, tout ça, les horizons, les autre part, les pas ici, les bien ailleurs. C'était comme une vieille habitude qu'il avait combattu, comme un vieux démon qu'il avait repoussé, qu'il avait oublié, et les vagues qui hurlaient ne lui avaient semblé qu'un murmure infantile, un chuchotement doucereux, un simple bruit de fond. Il s'était contenté de hausser les épaules sur le souvenir et, les semelles caressant la pierre, il s'était réorienté dans les sillons de sa pensée, remis sur le chemin qu'on lui traçait sans réfléchir, et, sans broncher, sans ciller, sans songer il l'avait suivi. Il s'était souvenu, un peu douloureusement, de ces choses qu'on souhaiterait oublier, de là où le sable est plus fin, où le sable est moins froid. C'était quelque chose sur lequel il avait indignement craché, lâchement abandonné, qu'il avait désespérément effacé. Sans regret. Un pas de plus, et, sans comprendre, sans chercher, Andrew avait échoué sur les bordures du port. Pantin de ses propres pensées. Les pierres encore froides avaient collé un frisson dans ses cuisses, et, dans un mouvement nonchalant, il avait coincé une cigarette entre ses lèvres. Il avait suffit de courber l'échine, de plier les doigts, et la flamme qu'on désespère de faire jaillir. Une fois, deux fois, trois fois. L'étincelle qui éclate et s'évade, encore, toujours. Le briquet faisait des manières. Évidemment. Il avait juré alors que les sourcils sombrent se fronçaient sur les yeux de jade, une fois, deux fois, trois fois, un peu plus fortement, un peu plus impatiemment, et, abandonnant la lutte, quittant le combat, la cigarette s'alluma. Il avait cru s'évaporer avec la fumée, les yeux clos, comme offert à cet océan qu'il ne connaissait que trop bien, comme preuve de son simple statut de petit homme face aux flots. C'était comme du déjà vu, presque, comme cette foutue impression qui ne lâche jamais, qui arrive et qui repart sur le champ, comme un éclair éphémère dans le temps. Il lui avait suffit de rouvrir les yeux pour que le déjà vu le frappe de nouveau. Plus violemment, cette fois-ci. Plus douloureusement, un peu, aussi.

Ça avait été l'affaire d'une silhouette, celle de tout le monde, celle de n'importe qui. Ça avait été l'affaire d'un dos, d'une nuque, de cheveux qui se noyaient dans le commun et le banal, et pourtant le corps tout entier hurlait « Reconnais-moi », la démarche criait « Souviens-toi ». Il ne voulait pas se souvenir, Andrew, il n'avait jamais voulu. Le regret, la nostalgie, ce n'était pas pour lui. Et pourtant, il avait laissé ses yeux s'écarquiller, il avait laissé son regard s'égarer, il avait laissé le souvenir le happer, trop peu pour le faire souffrir, trop longtemps pour l'ignorer. Il n'arrivait à associer ni nom ni marque à cette forme et ça l'agaçait, de ne plus savoir se dépêtrer des méandres de sa mémoire, ça jouait avec ses nerfs. Ça l'horripilait, Andrew, la moindre connexion avec ce qui était révolu, ça l'exaspérait, de devoir se rattacher au passé comme si jamais il n'avait tiré un trait dessus. Il n'avait pas réfléchi, contrarié et excédé, cigarette aux lèvres et fumée entre les cieux, un brin de méfiance au fond des yeux. Il n'avait pas réfléchi et, les mains dans les poches, il avait, du fond du regard, décrypté le déjà-vu sur lequel il n'arrivait à mettre le doigt, comme coincé dans une faille entre l'avant et le présent. Même si manifestement, il était plus vieux que lui, même s'il était plus grand, aussi. Rien à foutre. Il devait savoir. En finir. Pour de bon.

— Eh, toi, là. Je te connais ? Je veux dire, concrètement, parce que si c'est qu'un jour on s'est mis sur la gueule, ça m'intéresse pas.

La cigarette avait impatiemment tourné entre ses lèvres, l'air pressé de ces gens agaçants et angoissés par le moindre petit détail qui échappe à leur contrôle qui s'accrochait à son visage. Faites que ça s'achève, pitié, faites que ce soit bref. Que ça ne soit que du détail, pire, que ça ne soit qu'une erreur. Qu'on en finisse, une bonne fois pour toute, et que je retourne m'enfoncer dans l'ombre de ma vie. Et puis. Et puis, brutalement, comme un coup de tonnerre, comme cet éclair fugace qui revient le temps d'une respiration, un mot était revenu pour ne plus repartir, comme un indice qu'il ne voulait pas voir, tenace, solide. Un mot était revenu et ça avait fait se suspendre Andrew tout entier, plus que le magasin fermé, plus que la cigarette allumée.
Thomas.
La pupille s'était rétractée.
Thomas.
Il ne pouvait se raccrocher qu'à ça. Il ne pouvait se raccrocher qu'à Thomas, au souvenir de Thomas, au visage de Thomas. Il avait repris son calme dans un mouvement vague et, coinçant la cigarette entre ses doigts, le regard qu'il lança à l'homme se fit moins discret, plus étroit, plus perçant. Parce qu'il devait y avoir une raison, parce qu'il y avait Thomas, parce que ça avait disparu de sa mémoire depuis des lustres. Mémoire sélective, qu'on dira. C'est cruel, c'est dégueulasse, qu'on répondra, et Andrew s'était complu à se dire que ce n'était que parce qu'il n'était pas fait pour souffrir qu'il n'avait jamais su regretter Thomas. Ou bien était-ce parce qu'il n'avait pas voulu prendre le risque de la douleur, de tomber dans la souffrance ? Il pourra dire ce qu'il voudra. Le manque était bien là. La douleur était bien là. Il avait juste choisi de l'ignorer, de la contourner, et prié pour qu'elle ne s'en aperçoive pas, pour qu'elle ne lui revienne pas en pleine gueule. Prié pour que ça ne merde pas. Prié pour qu'il ne flanche pas. Et ça n'arrivera pas.
La fumée avait été crachée sur le vent.

— Eh, si je te dis Thomas, ça te parle pas ? Un sourcil haussé. Il s'était rassis. Après, je me trompe peut-être et tu me prendras pour un cinglé, t'aurais le droit. Mais j'ai l'impression. Que ça devrait te dire un truc. Non ?
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Elijah S. Hopkins

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeMer 4 Avr - 21:01

Au milieu de la nuit, j’ai ouvert la porte à un rêve. Et j’ai aimé ça. J’ai aimé ce que j’en ai fait. J’ai adoré voir les couleurs changer, s’assombrirent. Les formes se décomposer, se fluidifier et disparaitre comme une marée noire et visqueuse. C’était le mot, visqueux. Ou l’adjectif, si vous êtes pointilleux. Cette fois, je me tenais en retrait. Je maitrisais totalement le rêve et je ne tenais pas à être repérer tout de suite. C’était la première nuit d’une longue série pour cet homme. Je n’avais jamais remarqué que les cauchemars étaient beaucoup plus satisfaisants que les rêves. Jusqu’à maintenant. Je découvrais l’étendue de mes capacités, je n’ai pas encore trouvé les limites, je n’ai pas encore tout tenté. Mais j’allais pouvoir explorer cette zone, j’en avais la possibilité maintenant. Je ne suis pas un monstre, mais je peux en créer. Mais les créer c’est trop facile. Le plus difficile, c’est de trouver le monstre qui effraye la personne. Ici, je ne l’ai pas encore trouvé. L’inconscient de cet homme est assez étrange. Et puis, si les cauchemars sont plus satisfaisants, je ne suis pas encore à l’aise avec cette partie de l’être humain. L’inconscient des gens est quelque chose d’abominable, je m’en tiens le plus éloigné possible, quand je peux. Ici, j’avais ouvert la porte. Et c’était effrayant comme sensation, effrayant parce que c’en était presque excitant. Cette curiosité malsaine ne me plait pas. En même temps, je ne regrette pas d’être entré. J’allais faire passer à cet homme les pires nuits de sa vie. Je n’aime pas faire du mal aux autres. Cela ne me procure aucun plaisir, aucune satisfaction véritable. Je me sens sale à l’idée de blesser quelqu’un. Je n’ai jamais fait de mal à personne, à part à moi-même. Mais ici, c’était différent. Il n’avait qu’à pas s’en prendre à June. Sacha McKinley. Il allait regretter le mal qu’il lui avait fait. Et il ne saura jamais d’où ça vient.

Au petit matin, j’ai ouvert les yeux. Ils brillaient encore de couleurs diverses et éclatantes. Je pense que les couleurs sont plus noires quand il s’agit de cauchemars. June avait vu un arc-en-ciel dans mes yeux quand je m’occupais de rêves. Je pense que les couleurs changent en fonction de l’intensité du rêve. Je n’oserais pas demander à June de me dire ce qu’elle voyait quand j’arpentais un cauchemar. En un sens, j’ai peur qu’elle y voit trop de monstruosité. Les couleurs la rendaient béate. Je ne voulais pas savoir comment la rendraient la noirceur des rêves.

Plus tard, je suis sorti. Je ne prenais mon service qu’au soir. J’avais du temps. Du temps à tuer. Mais pas à la maison. J’avais emmagasiné trop d’énergie. Je n’avais plus dormi depuis deux jours mais ce cauchemar semblait m’avoir offert la cure de sommeil que j’attendais tant. J’étais reposé, bien. Sacha lui, devait être épuisé. Un sourire étire mes lèvres quand je marche sur la digue. Il disparait vite. Si ça tombe, je l’ai juste imaginé ce sourire. Je ne souris pas facilement. Encore moins quand je suis tout seul. Il n’y avait personne sur la digue. Il ne fait pas chaud faut dire. Les gens ne passent par ici que quand ils le doivent. Ou quand ils sont perdus. Mais il y avait quelqu’un près du port. Assis, qui fumait. Il ne devait pas être perdu. Il ne devait pas forcément passer par ici. Peut-être était-il la comme moi : parce que. Les âmes errantes sont nombreuses, ici comme ailleurs. Je lui jette un coup d’œil mais ne m’y attarde pas. J’ai l’esprit occupé. Par l’air marin, les vagues au loin. Ce calme qui les accompagne.

Il m’hèle, je m’arrête. Je me tourne à moitié, avec un regard neutre. Comme le reste de mon visage, de mon corps. Si on se connait ? De première vue non. Même s’il y a un air de déjà-vu. Mais beaucoup trop vague pour que ça m’interpelle. Pourtant je le regarde, terminant par les yeux. Lui, il a vu quelque chose. Je ne sais pas quoi. Mais moi, je ne le connais pas, il ne me dit rien. Il doit faire erreur.

- Désolée, tu dois confondre…

Et je m’apprête à continuer mon chemin quand il continue. Et il prononce le nom. Thomas. Je me fige, statue de marbre. Je ne réponds pas. J’avale ce que je viens d’entendre. Si ça me dit quelque chose, bien sûr que ça me dit quelque chose. Qui était ce type ? D’où connaissait-il mon frère ? Je tourne la tête vers lui et braque mon regard dur dans le sien.

- D’où le connais-tu ?

Je ne peux pas prononcer son nom. Thomas. Ca ne sort pas de ma bouche, ça ne dépassera pas mes lèvres. Puis ce n’est pas important, ce qui est important c’est de savoir qui est ce type. Là, je le regarde, plus attentivement je ne me gêne pas. Je cherche quelque chose, un souvenir. Malheureusement, je ne connaissais pas les amis de mon frère ou je n’en avais plus aucun souvenir… en même temps les souvenirs de cette époque ressemblent plutôt à des couleurs diverses, aussi éclatantes que ternes, parsemés de silhouettes parfois nettes, parfois vagues. C’est affreux comme période. J’ai l’impression de ne pas avoir existé pendant 10 ans.
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E. Andrew Seamore

E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeJeu 5 Avr - 15:41

Mais là tu ne réponds pas à ma question, chéri. Ça avait failli lui échapper, à Andrew, ça avait failli glisser de ses lèvres comme la fumée qu'il lâchait. Le toxique avait laissé place aux mots. Il fallait qu'il se sorte de ce pétrin, de cette situation inconfortable, il fallait qu'il s'extirpe du champ de mire du doute, de la ligne de visée de la souffrance. Il n'allait pas avoir mal maintenant. C'était trop tard, trop tard pour regretter, trop tard pour pleurer, c'était trop tard et ce n'était pas pour lui. Il devait rester à l'écart de tout ça. Oublier le cœur qui se serre dans la poitrine, le battement qui fait des ratés, les souvenirs qui remontent et la façade qui retombe. Ça n'arrivera pas, hein ? Non, surtout pas. Il avait esquissé un sourire un coin, peut-être un peu vacillant, peut-être un peu faux, et, balançant les jambes dans le vide qui se trouvait sous ses pieds, il avait lancé un regard léger à l'inconnu. Parce que c'était ce qu'il était, un inconnu, une ombre qui le fuyait, un foutu jeu de cache-cache au fond de son cerveau. Il ne se trompait pas. Il ne pouvait pas se tromper. Il avait réagi lorsqu'il avait parlé de Thomas, alors il ne pouvait pas se tromper, n'est-ce pas ? Et si ça avait été un autre Thomas ? C'est courant, comme nom, Thomas. Non. Non. C'est ce Thomas là. Ce n'est que lui. Ça se voit. Ça se sent. Ce type a connu ce Thomas là. Ça se sait.

— Et toi, comment tu le connais ? Comment je sais si je me trompe pas ? C'est pas comme s'il n'y en avait qu'un.

Non, on n'arriverait à rien comme ça. Pour la première fois, Andrew s'en était un peu voulu de s'être braqué, de s'être fermé aussi rapidement. Il devait lui expliquer. C'était vraiment nécessaire ? Oui. Il devait. Ça lui avait arraché un autre sourire, un peu plus amer, un peu plus vague. C'était ridicule, il savait qu'ils parlaient du même. C'était pitoyable. Il ne voulait pas, il ne voulait vraiment pas. Il avait tiré un trait là-dessus. Pourquoi devoir retourner sur ses pas ? Il ne voulait pas. Ce n'était pas par fierté, c'était par lâcheté. Tout simplement. Il avait peur. Profondément. Il fuyait. Comme toujours, me direz-vous, comme d'habitude. Mais comme un imbécile, il avait foncé tête baissée, il s'était empêtré dans quelque chose où il ne pouvait plus faire marche arrière. C'était foutu pour lui. Totalement. Il avait peur mais il fallait lâcher le morceau. Histoire que ça se finisse. Vite. Définitivement. Rapidement. Et après il s'en ira. Combien de chances pour recroiser ce type après ? Quasi-nulle. Voilà.
Non.
Il savait pertinemment que ça n'allait pas se passer comme ça.

Thomas Hopkins, ce n'était pas n'importe qui. Bêtement, Andrew avait perdu ses moyens de son propre chef. Il avait juré un « crétin » à voix basse, flagellant sa propre bêtise. Non, Thomas Hopkins n'était pas n'importe qui. Ça avait un type que, naïvement, innocemment, Andrew avait admiré. Un peu. Quelque part, il était admirable. Surtout, Thomas Hopkins, ça avait été un mec qu'il avait aimé. Pas aimé comme ça, pas aimé d'amour. Un peu mieux. Il avait un peu de mal à poser le mot « amitié » là-dessus, et pourtant, il le fallait. Ils s'étaient rencontrés à l'hôpital. Andrew, il venait de rentrer à l'internat, et pourtant il jouait déjà au con, il jouait déjà avec le feu. Plus on lui avait gueulé dessus et plus il avait continué, comme perpétrant un cercle vicieux. On lui avait fait des reproches et murmuré des insultes, un peu comme toujours, un peu comme d'habitude. Ça avait été la prolongation stupide de son adolescence, en fait. Même lui-même trois ans plus tard se serait collé des baffes tant il s'était trouvé stupide. Tout le monde. Tout le monde, sauf Thomas Hopkins. Thomas, qui, lorsqu'il avait accueilli ce petit con d'étudiant dans son équipe, avait eu la présence d'esprit de lui foutre la paix. Il s'était calmé, tout seul, comme un grand. Il n'avait pas arrêté les conneries, il ne fallait pas trop lui en demander. Il s'était simplement fait plus subtil, moins lourd, moins casse-pied, simplement mesquin, juste un poil cynique. A vingt-trois ans, Andrew avait définitivement quitté l'adolescence. A vingt-trois ans, Andrew était définitivement devenu Andrew. Il n'avait jamais suffisamment remercié Thomas pour ça. Il ne s'était jamais lié à quelqu'un plus qu'à Thomas. Pour la première fois, il s'était senti proche de quelqu'un, lui, Andrew Seamore, lui l'inatteignable, lui l'insaisissable, lui l'atrophié du cœur, lui l'amputé des sentiments.
Et puis, on lui avait enlevé.
Une histoire d'accident de voiture, quelque chose comme ça. Il n'avait pas voulu en savoir plus. Il n'avait pas assisté à l'enterrement et il ne se souvenait plus s'il avait été sur sa tombe, ou même quelque chose qui s'en rapprochait. Après Thomas, il avait voulu oublier, il n'avait plus chercher à se lier. Trop risqué. Trop dangereux. Il préférait se faire haïr, c'était beaucoup plus simple. Il n'avait jamais eu le courage de pleurer Thomas. Et, définitivement, il avait compris les gens. Parce qu'il ne savait les contredire lorsqu'ils l'accusaient d'être lâche, lorsqu'ils l'insultaient d'être un enfoiré. Il ne pouvait pas leur donner tort, n'est-ce pas ? C'était la seule constatation à donner. Pour une fois, il n'en était pas fier. Pour une fois, Andrew Seamore, tu es définitivement un enfoiré.
Il avait fermé les yeux. Il fallait chasser tout ça., la faiblesse comme la peine. Il fallait repartir de zéro. Miraculeusement, comme si rien ne lui avait traversé l'esprit et égal à lui-même, il avait sourit. Toujours le sourire au coin des lèvres, un peu agaçant, un peu énervant, un peu intriguant, aussi, peut-être. Un peu menteur, aussi, surtout.

— C'était une remarque débile, je sais bien qu'on parle du même.

Allez, crache le morceau. Allez, souviens-toi. Allez, explique-lui.
Bon sang, il aurait voulu crever sur la minute que de devoir le faire.
Garder son calme.
Crétin.

— Ben, écoute... C'était un pote, quoi, c'est tout. Je l'ai rencontré au boulot... 'puis on s'entendait bien. Alors c'est juste de la curiosité. Les aveux c'est ton tour, maintenant.

Innocemment, il avait haussé les épaules, un sourire presque naturel aux lèvres et la cigarette qui brûlait entre les doigts. Ça faisait mal, pourtant. Comme si tout n'avait été que du putain de vent, que des efforts perdus. Comme toujours. Ça faisait mal. Il le savait, pourtant. Crétin.
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Elijah S. Hopkins

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeDim 8 Avr - 17:54

Blanc. C’est ce qu’il y avait dans ma tête en ce moment. Ou plutôt des bégayements. Mais je ne bégaye pas. Alors je garde la bouche fermée. Simplement. Mais à l’intérieur, ça faisait mal. C’était bouleversé. Parti le calme habituel, la souffrance habituelle et tellement anodine qu’on vivait avec sans trop y penser. La présence de ce jeune homme ouvrait une blessure déjà très male cicatrisée à la base. C’est… facile de faire comme si de rien n’était. Ne rien afficher. Rien de positif. Rien de négatif. La neutralité pure. La neutralité peut faire peur parfois. Chez moi, elle indique que je ressens trop de choses pour me permettre de les exprimer. Contradictoire, je sais. Je regardais ce type et je me demandais d’où il connaissait mon frère. Comment ça du boulot ? Il n’avait pas l’air d’avoir l’âge pour être médecin, il était plus jeune que moi, j’avais déjà deux ans de différence avec Thomas… En même temps, le système des études en médecine… Fallait vouloir les faire pour comprendre quelque chose. J’n’ai jamais compris un seul traitre mot de ce qu’avait pu m’expliquer Thomas. Peut-être que le fait que je n’étais pas en état n’aidait en rien.

- A vrai dire, je n’ai aucun compte à te rendre, aucun aveu à te faire et rien me prouvant que tu as connus Thomas, je ne me souviens pas de toi…

Idiot comme remarque. Je ne sais pas pourquoi je l’ai sortie d’ailleurs. Mais ce type avait l’air d’un fouteur de merde. J’espérais qu’il disait vrai quand il parlait de « pote ». Il n’avait pas l’allure des copains de mon frère. Du moins, aussi loin que je m’en souvienne. Mais de quelle allure avait les copains de mon frère ? Les avais-je seulement déjà rencontrés ? Croisés ? Surement. Mais j’étais en réalité bien incapable de me souvenir d’eux. A cette pensée, je laissais tomber la neutralité, laissant place à la fatigue, un peu de défaitisme.

- En même temps, je ne peux me souvenir d’aucune personne fréquentant Thomas autrefois…

Je fais un pas dans sa direction. Un autre, moins hésitant. Puis arrive à sa hauteur, je le regarde fumer sa clope, assis-là. Je ne le rejoins pas. Je ne vois pas comment me comporter. S’il connaissait Thomas, il devait me connaitre moi indirectement. J’étais le plus gros souci de mon frère.

- Thomas était mon frère… Je suis Elijah Hopkins. Le frère drogué.

Je l’annonçais durement. J’assumais, je n’en étais pas fier mais j’assumais. S’il était ami avec mon frère, au boulot qui plus est, il devait savoir que je n’étais pas en très bon état à l’époque. Et j’avais déjà du atterrir sur son lieu de travail plus d’une fois dans un drôle d’état. Une chose est sûre cependant, si ce type, je l’avais rencontré à l’hôpital, j’étais bien trop loin dans mes délires pour pouvoir me souvenir de lui. Mais effectivement, il y avait un air de déjà-vu dérangeant.
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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeMer 11 Avr - 10:24

Ça avait brillé dans un coin du crâne d'Andrew Seamore, comme une illumination divine, comme une révélation savante, comme un souvenir saisi, rattrapé, rattaché. Ça avait brillé dans un coin du crâne d'Andrew Seamore, comme l'ampoule géniale qui clignote dans les bandes dessinées, comme les idées qui s'éclairent, comme la brume qui se dissipe. C'était donc ça, c'était donc lui, c'était donc toi. C'était lui l'ombre fébrile, l'ombre tremblante, l'ombre vacillante. Il savait. Il savait pour la drogue, pour la merde, et pour tout ce qui s'ensuit. Il savait des aveux à mi-voix et de la confiance qu'il s'était laissé lui offrir. Il lui avait dit plusieurs fois, il lui avait déjà parlé de ce frère trop loin, de cette crainte trop grande. Il, Thomas, il, l'ami. Délivré de son angoisse, échappé de ses souvenirs, Andrew avait fait tourner la cigarette en lançant un regard clair vers le frère. Elijah. C'était ça, le trou, le mot manquant. Je m'inquiète pour Elijah. C'était ça. Il n'avait pas cherché à le fixer, à l'interroger, ou même à le blâmer. Il trouvait ce genre de comportement en réalité parfaitement pathétique et pitoyable. Il n'allait pas le juger. Certainement pas. Il avait horreur de ça. Il pouvait même dire que ça le dégoûtait, cette façon qu'on les gens de repousser les autres à bout de bras au nom d'un passé spectral et effacé. Andrew Seamore ne jugeait pas. Jamais. C'était une de ses seules qualités, il paraît. Il n'avait jamais cherché à savoir si c'était vrai.

— Tu t'es pointé à l'hôpital un jour. Je crois bien que t'étais défoncé.

Il avait haussé les épaules sur l'importance des mots. A quoi ça servirait ? Il n'avait rien reproché, il ne l'avait accusé de rien. Ça ne le regardait pas, ça avait été sa décision. Et maintenant, il s'en était sorti, visiblement, alors, même s'il avait été bourré de mauvaises intentions et de la connerie des préjugés, que pourrait-il lui reprocher désormais ? Rien. Et il souffrait déjà assez. C'est que c'est douloureux, ce genre de trucs, c'est que ça cicatrise mal, ces blessures là. Les pertes sont toujours difficiles, il paraît. Il n'en savait rien. Il ne voulait même pas savoir. Il avait presque baissé sa garde, Andrew, il avait presque laissé s'échapper son caractère à la con et son étiquette de connard affirmé, il avait presque envoyé tout ça valser. Il voulait du vide, il voulait du calme, il voulait la paix. Juste. Une paix, une trêve, n'importe quoi, un peu de vie, un peu de rien juste pour lui, rien que pour lui. Les gens ne savaient pas à quel point c'était épuisant, de se défaire d'eux. Pourtant, il avait tout intérêt, à rester méfiant, à se tenir sur ses gardes, à guetter les questions, à surveiller les accusations. Pourtant, il avait tout intérêt, à faire attention. Il aurait suffit de quelques « Pourquoi je ne t'ai pas vu à l'enterrement ? », de simples « Pourquoi tu ne lui as jamais rendu hommage ? ». Non, merde, non. Le truc, c'est qu'il avait pas envie, de rester comme ça, comme un animal sauvage à prendre la fuite et se défiler à la moindre menace, il n'avait pas envie de continuer à faire attention à tout, à toujours vouloir tout avoir en main.

Andrew, il était las.
Il était las de s'éreinter à vouloir empêcher la situation de s'échapper de ses doigts comme lui filait entre ceux des autres. Il était las de jouer l'imbécile, de faire le niais, de faire le salaud sans cerveau. Oh, ça, c'était un connard, c'est certain, ça, il ne faisait pas semblant de l'être. Il l'était juste différemment. Il avait l'habitude de se faire haïr pour qu'on l'abandonne à son sort, pour qu'on le laisse tomber, pour qu'on le laisse tranquille. Il avait l'habitude de pousser le bouchon un peu trop loin. Il n'était pas comme ça, pas tout à fait. Il avait le don de se mettre le monde à dos, c'est certain, il voulait être tranquille, c'est sûr. Simplement, outre passant cette façon d'être un enfoiré, il y avait l'autre, la vraie, où il laissait les choses couler, où il laissait les autres le détester à sa place. La différence était minime, c'est vrai, presque invisible. Dans tous les cas, il voulait la solitude, dans tous les cas, il voulait le repos, pur, simple. C'était juste moins artificiel, c'était juste bien plus naturel. Plus lâche, aussi. Un peu. C'est qu'il est lâche, Andrew, aussi. Un peu. Pas beaucoup. Pas lâche dans le sens où il fuyait une quelconque engueulade ou une baston avec un type trois fois plus gros que lui et à qui il réussirait quand même par on ne sait quel moyen à casser le nez. Sa lâcheté, elle était devant la souffrance, devant la difficulté, devant les gouffres qui s'ouvraient sous ses pieds. Devant la mort des amis, devant les reproches des gens. On lui avait souvent dit, pourtant. Qu'il y avait un truc qui tournait pas rond chez lui. Il haussait les épaules. Il le savait, il assumait. Il le vivait bien, lui, alors quelle importance ? La cigarette avait tourné entre ses lèvres et, spontanément, il s'était allongé sur les pavés glacés de la digue. Haussant un sourcil, le regard vert avait cherché les yeux d'Elijah, il y avait cherché quelque chose, il avait cherché à le décrypter, un peu. Pour voir, pour savoir. Pas pour se défendre. Juste pour connaître. Inconsciemment, un sourire s'était dessiné sur ses lèvres. Un peu plus calme, un peu plus posé, un peu plus amusé.

— Tu ressembles à Terminator, j'ai l'impression que tu vas sortir ton M4 et fusiller le clown que je suis. Oh, au fait ! Il tendit la main en l'air. Andrew Seamore, emmerdeur professionnel, enchanté.

Il cligna doucement des yeux et, finalement, lui lança un regard indifférent.

— Je vais pas te foutre sur un bucher ou te faire la morale à cause de la picouze ou quoi, ça me regarde pas, je m'en fous. Moi je le sais juste parce que ton frère me l'a dit, je vais pas te blâmer pour une raison ou une autre, je trouve ça odieux de la part des gens de se permettre de faire ça. Je vais arrêter de remuer le couteau dans la plaie, aussi, je crois, donc comme je parle trop, je vais me taire. Il avait fait tourner la cigarette entre ses doigts et finalement, le sourire s'effaça de lui-même. Juste pour dire que ton frère, c'était un sacré type. Un mec bien. Et que, je sais pas, si jamais ça te vient à l'esprit ou quoi, ne culpabilise pas, je pense qu'il aurait détesté ça.

Un temps.

— Enfin je me prends pas pour ta mère, hein, si ça se trouve je fais fausse route et tu me prends pour un abruti qui ne sait que débiter des conneries — et tu n'aurais pas tort — mais je sais pas, j'ai pas du tout d'empathie ni rien, mais à force j'ai l'impression que certaines personnes culpabilisent pour un truc ou un autre. Parfois.
Il hésita.
Et c'est là que tu te dis que t'es tombé sur un mec foutrement bizarre.
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Elijah S. Hopkins

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeMer 18 Avr - 11:35

En réalité, je reste sourd à ce qu’il me dit. Les éloges sur mon frère, le conseil de ne pas culpabiliser. « Ce n’est pas ce qu’il voudrait » je connaissais cette phrase par cœur, elle avait quelque chose de lassant à la longue. Mais c’était étrange de l’entendre à Thunder Bay, j’étais quand même venu ici pour fuir ma famille et toutes ces personnes qui connaissaient mon frère. Tout ça pour découvrir qu’il lui restait des amis encore dans cette ville où il n’avait travaillé que peu d’années. Je me souviens encore du jour où il avait annoncé aux parents qu’il quittait Toronto pour venir étudier médecine au Canada. J’avais applaudit la nouvelle, j’avais été le premier à avoir une quelconque réaction et j’étais presque jaloux que mon frère ait trouvé une échappatoire pour fuir ce milieu trop rigide, fonctionnement grâce aux lèches-bottes et aux faux-semblants. Un monde que j’avais cherché à fuir de tous les moyens possibles et inimaginables alors que mon frère avait trouvé la solution la plus simple, la plus saine. Partir, tout simplement. Loin d’eux. Loin des parents. Loin de cette famille étouffante. Je ne me posais même pas la question de savoir si je leur manquais aujourd’hui ou non. Ils me pensaient toujours drogué, une épave sur le bord de la route. Ou peut-être me pensaient-ils mort. C’était fort probable également. Tout ça pour dire, que le discours que me tenait Andrew Seamore, collègue médecin de mon frère, était un discours connu, même s’il me semblait plus sincère que ceux prononcés par ces personnes qui ne voyaient en moi qu’une personne sans avenir. Je lui serrais la main, malgré qu’il se soit allongé sur le sol. C’est vrai que ce type était bizarre. Et sa comparaison avec Terminator m’arracha un rire sincère.

- On ne m’avait pas encore comparé avec Terminator… Mais je dois avouer que je dois être approchant… Je suis en thérapie pour ça aussi… Ressembler un peu à un être humain, pour être moins remarqué par les autres…

Se fondre dans la masse. Ressembler aux autres, ce n’était pas très original mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour avoir la paix. Je n’aimais pas que les gens s’attardent sur mes airs à la « Terminator » pour reprendre les termes d’Andrew, parfois, j’avais juste besoin qu’on m’oublie, m’effacer de leur champs de vision pour une fois.

- Ne t’inquiète pas, c’est jusqu’à force je n’entends plus ces discours… C’est… involontaire.

Et puis je croyais toujours que j’avais ma part de responsabilité dans cette affaire. J’avais été une des causes de la mort de mon frère. Ca personne n’arrivait à me l’enlever du crâne. A part June qui me faisait penser qu’il était peut-être tant d’entendre vraiment ces mots, de les penser et d’y réfléchir sérieusement.

- C’est d’ailleurs dommage… Tu as l’air effectivement d’un type foutrement bizarre mais si c’est le cas, je dois avouer que tu manques d’originalité

J’eus un très léger sourire. J’étais toujours debout, je me sentais un peu trop grand par rapport à lui, allongé par terre. Mais je ne me voyais pas m’assoir près de lui. J’hésitais mais restait encore debout, pour le moment. Mais je le regardais et il y avait une question qui me taraudait depuis un moment. Reprenant un ton sérieux, j’abordais la question avec une once de solennité :

- Comment as-tu connu Thomas ?
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E. Andrew Seamore

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MessageSujet: Re: It hurts like heaven — Elijah. It hurts like heaven — Elijah. Icon_minitimeMer 18 Avr - 14:25

Le sourire en coin s'était arraché à ses lèvres. C'était plus fort que lui. Totalement. Définitivement. Il ne pouvait pas s'en empêcher, de ces réactions inappropriées, de cette incapacité à agir normalement, à se comporter correctement. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire alors qu'il haussait les sourcils, tirant vaguement sur la cigarette entre ses doigts. C'était une question simple, pourtant, c'était une question appropriée, justifiée. Et pourtant non, spontanément, il avait souri. Il n'avait même pas souri du souvenir, du bon souvenir, du bon vieux temps. Ça avait juste été une attitude comme une autre, un pur réflexe, comme certains clignent des yeux, comme d'autres secouent la tête. Andrew Seamore souriait, c'est tout. Toujours, tout le temps, naturellement, jusque dans les situations les plus improbables, jusque dans les moments les plus incroyables. Tiens, sur le coup, ça lui rappelait le fou rire mémorable qu'il avait eu adolescent à l'enterrement d'un quelconque grand-parent ou autre membre de la famille. Le genre de truc totalement irrépressible, qui sort tout seul, qui ne part plus jamais, et qui vous vaut une flopée de regards noirs et une belle tarte dans la gueule. C'était juste incontrôlable et incorrigible, cette façon d'être, cette manière de réagir. Il avait essayé de l'effacer, ce sourire au coin de ses lèvres, il avait vraiment essayé. Rien à faire. Il avait vite abandonné. Son regard ne s'était plus éreinté à chercher celui d'Elijah alors qu'Andrew se redressait, la cigarette vacillant presque dangereusement au bord de ses lèvres. Tiens, c'est vrai ça, comment s'étaient-ils connus ? Ça aurait pu être d'un milliard de façon, pourtant, ça aurait pu être de toutes les manières possibles et imaginables. Parce qu'il avait volé des fauteuils roulants ? Parce qu'il avait détraqué la machine à café ? Parce qu'il l'avait insulté ? Que nenni. Pour une fois, il s'était bien comporté. Enfin, pour une fois, il avait essayé. C'est plus dur que ce que l'on pense. Il avait coincé la cigarette entre ses doigts alors que les yeux verts avaient longé l'horizon. Et ce foutu sourire qui ne part pas, et cette fichue manie qui ne le quitte pas. Bah. Tant pis. Lui, ça ne le gênait pas. Finalement, il avait fixé Elijah, parfaitement silencieux, presque un peu sérieux.

— Eh, aux dernières nouvelles j'ai pas viré cannibale. Tu peux t'assoir dix minutes dans la journée, ça te fera pas de mal.

Il avait tapoté le béton de la digue d'un geste presque enfantin en cessant de le dévisager. Faisant vaguement tourner la cigarette entre ses doigts, il avait fixé l'eau sous leurs pieds, le bras appuyé contre le genou, et, l'air presque amusé, il avait haussé un sourcil. La question tournait encore un peu dans ses oreilles, s'enfonçait un peu plus dans sa tête. Ce n'était pas qu'il ne se souvenait pas, qu'il ne voulait pas se souvenir. Il y avait, simplement, ce truc un peu énervant lorsqu'il se remémorait quelque chose, ce machin un peu inévitable, un peu inutile, aussi, surtout. Il revoyait, il réfléchissait, il analysait. C'est qu'il se trouvait drôlement con, à cette époque, Andrew. Il avait presque honte d'avoir été comme ça, un ado attardé — encore plus que maintenant —, un réservoir à connerie gratuite. Il avait haussé les sourcils alors que les souvenirs revenait. Comment as-tu connu Thomas ? C'est un peu long à expliquer. Comment as-tu connu Thomas ? C'est un peu difficile à déchiffrer. Pas vraiment la rencontre en elle-même, au final, c'est peut-être le truc le plus élémentaire du monde. Plutôt ce sur quoi elle a débouché. Mais Andrew, il ne savait jamais expliquer les choses, il ne savait jamais faire voir aux autres la même chose que lui. C'était assez handicapant, finalement, toutes ces langues qu'il avait apprises et pourtant aucune n'était foutue de traduire la moindre de ses pensées. Et de qui venait le problème ? De lui-même, ou de son manque cruel d'insertion, de son incapacité de projection ? Ça n'avait pas d'importance. Les gens ne voyaient pas la différence, de toute façon. Alors, comment as-tu connu Thomas ? Il avait sourit. Encore. Un peu plus franchement, un peu moins mesquinement.

— Tu vois, les études en médecine c'est un peu bizarre. Au début, tu te fais chier quelques années en fac, le cul sur une chaise et tu dois prévoir un budget stylo en fin de mois pour pouvoir noter tout ce qu'on veut te faire apprendre. Et puis après, tu vas en internat, c'est-à-dire qu'on t'envoie te faire exploiter, toi, petit étudiant innocent, par le personnel de l'hôpital où tu es, et ce jusqu'à recevoir ton diplôme. L'internat c'est le pire truc engendré par l'être humain. Je te donne pas de détails parce que c'est pas là où je veux en venir, mais en gros, tu es pire qu'un esclave, c'est-à-dire un stagiaire, pendant quelques temps jusqu'à monter en grade où tu peux faire à ton tour faire de l'esclavagisme aux petits nouveaux pour te venger de tous les sévices qu'on t'a fait subir. J'exagère à peine.

Il marqua une pause en soufflant un peu de fumée, esquissant un sourire de plus belle. Il ne referait pas ses années d'internat même pour un milliard de dollars. Il lança finalement un vague regard en coin à Elijah, un peu compatissant, peut-être, juste histoire de vérifier qu'il ne s'était pas évanoui sous ses flots de paroles déformées par l'accent britannique. Ce n'était pas ce qui l'intéressait, il le savait bien, et, pour une fois, il n'essayait pas de le mener en bateau pour l'éloigner du sujet. Même pas.

— Pour en arriver au vif du sujet... Il tira encore sur la cigarette alors qu'il cessait de le fixer. Quand moi j'ai été en internat, j'étais tellement frustré et épuisé par le travail que j'étais un vrai abruti — encore plus que maintenant —, et j'avais le don — encore plus que maintenant — de me mettre un peu tout le monde à dos. Et tu sais, plus ils me poussaient dans mes retranchement et plus je continuais, comme un vrai ado. 'puis un jour mon équipe est tombée sur ton frère pour je ne sais plus quel stage. Et hallelujah ! Il mima presque l'arrivée du Messie. Le premier à avoir l'intelligence de m'ignorer. Et comme j'avais le fonctionnement d'un parfait petit adolescent rebelle qui tape du pied dans les escaliers, je me suis gentiment calmé et j'ai ouvert les yeux. Abracadabra, je suis devenu un peu moins stupide, juste un peu plus chiant, et comme, en guise de gratitude, je n'ai jamais emmerdé ton frère, ça nous a progressivement rapproché. Il fit une nouvelle pause en tirant sur sa cigarette. Amen.

Il se tut un moment et, finalement, le silence lui arracha un rire. C'était un peu compulsif, pour briser le vide, pour casser l'ambiance qui se faisait de plus en plus lourde sur ses épaules. C'était ça, au final, c'était simplement ça. C'était juste qu'il avait beaucoup de mal à le supporter, Andrew, le silence, le sérieux, le regard qui pèse lourd sur lui, l'air de vouloir forcer l'ouverture de ses pensées et d'y chercher tout ce qu'il ne voulait pas qu'on capte. C'était juste qu'Andrew, il était de ceux qui cachent, pas de ceux qui cherchent. Il trouvait juste ça totalement dérisoire. Ça lui faisait un peu peur, aussi. Parfois. Il détestait ne pas savoir ce que les autres pensaient, il devait l'avouer. C'était ça qui le poussait à réagir aussi vivement, aussi rapidement. Il détestait ne pas savoir ce qu'Elijah pensait. Il était d'habitude très fort à ce petit jeu. Avoir une longueur d'avance, prévoir comment s'échapper, garder des arguments de côté. Au cas où. Là, il n'y arrivait pas. Il était tombé sur un os. Ça l'aurait bien arrangé d'avoir le pouvoir de lire dans les pensées, sur le coup. Foutu orage. Jamais à faire les choses comme il faut. Il n'avait pas envie de se battre à celui qui abattra l'autre en premier. Si Elijah posait les questions fatales, il ne chercherait pas, il la jouera à l'instinct. Et tant pis s'il s'enfonçait, tant pis s'il s'empêtrait dans les faux-pas. Il était déjà allé trop loin, de toute façon, alors à quoi bon tenter de faire demi-tour ? Il était déjà dans le piège jusqu'au cou. Tant pis pour ça, et merde au reste. Il n'allait pas jouer. Pas cette fois.

— On est même pas obligés de continuer de parler de ça si tu veux. Je ne sais pas mesurer la gravité de ce que je dis, et encore moins dans ce genre de situation. J'ai jamais été confronté à ça et je crois que même si ça m'arrivait je saurai me démerder pour être à côté de la plaque. Je peux facilement me montrer blessant ou manquer de délicatesse et ce genre de conneries, donc. Il lui lança un regard en coin. Ça veut pas dire que je veux pas en parler ou quoi, moi je m'en fous, j'ai la vie devant moi, mais. Si tu veux prendre tes jambes à ton cou, je comprendrai, je crois que je ferai pareil.

Normalement, il le ferait. Normalement, il l'aurait déjà fait.
Pas cette fois.
Cette fois, il ne jouerait pas à ça.
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